jeudi 1 mai 2008

Fête du travail, un brin morose

Mardi dernier, l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) rendait public son rapport annuel. Un constat paradoxal et alarmant : si les chiffres officiels du chômage s’orientent vers la baisse, ils ne s’accompagnent pas pour autant d’une baisse de la pauvreté dans notre pays. La présidente de l'Onpes, Agnès de Fleurieu, a souligné que « l'emploi ne permet plus d'éviter la pauvreté ». Ce constat ne date pas d’hier : en 2003, environ 1,5 million de personnes occupaient un emploi mais avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté estimé à 817 euros mensuels pour une personne seule. Ils étaient 1,7 million en 2005 et 2,1 millions aujourd’hui (soit 8% des travailleurs !). D’après l’Onpes, ces travailleurs pauvres touchent 775 euros par mois alors que 78% d’entre eux occupent un emploi à plein temps. Nous arrivons au triste stade où une masse de travailleurs ne peuvent plus vivre de leur propre travail.

Dernièrement un reportage télé évoquait le Groupe Chèque déjeuné, n° 3 mondial sur le marché des Titres de paiement et fondé par un syndicaliste. Dans cette entreprise, la moitié des bénéfices annuels sont distribués chaque année et de manière égale sous forme de bonus aux salariés. Le témoignage d’une hôtesse d’accueil était stupéfiant : en calculant l’ensemble de ses revenus, primes et bonus inclus, elle arrivait à une moyenne de 3 900 Euros par mois. M6 a surement trouvé l’hôtesse la mieux payée de France. Quelques jours avant cette diffusion, Mr Sarkozy nous annoncait lors de son intervention télévisée qu’il souhaitait une nouvelle répartition des bénéfices dans les entreprises avec 1/3 pour les actionnaires, 1/3 pour l’investissement et 1/3 pour les salariés. Après avoir fustigé Mai 68, Nicolas Sarkozy en serait-il devenu nostalgique ? Après de longues semaines de négociation, en juin 68 le patronat acceptait une augmentation de 30% des salaires alors que quelques jours auparavant une augmentation massive était jugée impossible...

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